Jour 50

J’y suis. Je suis Nulle part. Je l’ai fait. J’ai traversé la vague de chaleur. Adopté la solitude. Démêlé des dizaines de nœuds pour m’adapter et trouver un chemin viable. Eu quelques colères et beaucoup de doutes. J’ai traversé la Californie, l’Arizona, le Nouveau-Mexique, le Nord du Texas, une partie de l’Oklahoma. Trois fuseaux horaires. [...]

Jour 49

Repos.

Repos.

Repos.

Je dois faire fuir le mal de crâne persistant et lancinant (j’ai dû faire une insolation) qui me donne l’impression d’avoir la tête pressurisée. [...]

Jour 48

Aujourd’hui, je suis allée aux limites de mon corps. Il a tiré une petite sonnette. Tout va bien maintenant. Je suis en étoile sur un lit et j’oublie la chaleur. Réveil au chant des coyotes. J’ai mis du temps à depitcher ma tente. Mes nuits me fatiguent plus que mes jours. Un insecte inconnu s’est nourri de mon bras. Aïe. [...]

Jour 47

Coincée sous ma moustiquaire pour éviter les guêpes qui pullulent, essayant de respirer malgré les 42 degrés et le vent brûlant, je pense aux gens de Phoenix que l’on soigne de la chaleur en les mettant dans des sacs mortuaires remplis de glace. Je me dis que grand nombre des SDF défoncés au sol que j’ai croisés doivent être morts. [...]

Jour 46

J’écris ce texte dans les toilettes climatisées du camping tellement la chaleur est étouffante. C’est irrespirable. Et cette nuit, la température ne va pas descendre sous 26. Cela ne va pas être une nuit facile. La dernière n’était pas mal non plus. J’ai bataillé des heures avec un raton laveur qui volait ma nourriture dans le ventre de Werner. [...]

Jour 45

Sans conteste, une journée exceptionnelle. Les choses sont dites. Il n’y a pas de honte au bonheur. Même en allant Nulle part. Matin frais, arbres, verdure, ciel totalement dégagé, pas de circulation sur la route, jolies mamans vaches, bonjour soleil. Les bus scolaires jaunes ont repris du service, c’est Back to School. [...]

Jour 44

Et paf. Fini le Texas. Suis en Oklahoma, l’État de Nulle part ! Une voiture m’a fait franchir deux abîmes d’un coup. Suis en joie. Mais cela n’a pas été simple. Cassey m’avait totalement zappée. Elle ne devait pas avoir fumé qu’une cigarette. Ne la voyant pas dans les couloirs du motel ce matin, j’ai expliqué à nouveau mon affaire à la nouvelle team de l’accueil. [...]

Jour 43

Jésus t’aime. Mais oui bien sûr. Il n’y a absolument rien à faire à Clarendon. Mais mon corps demandait un jour off. La fatigue m’écrase. Par contre, je n’ai aucune envie de rester au Western Skies Motel. La salle de bain pue la mort, le wifi ne fonctionne pas, la clim fait un son de navette spatiale au décollage, il n’y a pas de machine à laver. [...]

Jour 42

Hier soir, mes hôtes mystères m’ont prévenu par mail qu’il y aurait une pluie d’étoiles filantes à partir de 22h. Je me suis donc installée dans le jardin sur un rocking-chair. Ciel sublime, voie lactée et petit vent chaud. Au moment où je me suis dit qu'il fallait que j'aille me coucher, j’en ai vu 4 d’un coup qui ont traversé les cieux de droite à gauche. [...]

Jour 41

Motivation zéro quand le réveil sonne. Le lit douillet tente de corrompre mes courbatures et coups de soleil. Pourtant il faut y aller, on annonce 40 degrés aujourd’hui, il faut avancer un maximum avant que le soleil ne violente tout. Je quitte Claude avec tous les chiens qui aboient sur mon passage. [...]

Jour 40

Je suis plus calcinée que le steak de Molly oublié sur le grill. Une nouvelle route de la mort est entrée dans la danse. La 287. Et je ne suis pas près de la quitter. 4 voies qui traversent le Texas direct tout droit sur Dallas. Un cauchemar. Des milliers de camions plus énormes les uns que les autres. Je vais vous la faire simple, je suis trop épuisée pour développer. [...]

Jour 39

Le but de la journée était de m’éloigner au maximum de la ville vers l’Est. J’ai donc longé l’autoroute tout droit dans un vent qui m’a fait oublier que le soleil brûle la peau, jusqu’au dernier motel avant le vide. Je suis passée devant une institution texane célèbre pour son odeur de viande grillée à des kilomètres, et pour le steak de 2 kilos que l’on y offre si mangé. [...]

Jour 38

Le Texas les Ami.e.s, le Texas. On n’est pas déçu.e.s du voyage. J’avais besoin d’une journée sans stress. Alors day off à Amarillo pour ajouter un tatouage à la liste sur ma jambe. Ce sera la somme de toutes mes galères. En attendant que le tatoueur soit libre, je flâne dans un magasin qui regorge de choses texanes foudroyantes de finesse. [...]

Jour 37

Depuis Tucumcari, je devais marcher 38 kilomètres tout droit au bord de la 40 jusqu’à San Jon, y dormir dans un vieux motel, puis trouver une voiture pour m’avancer jusqu’à la prochaine étape 94 kilomètres plus loin. Mais le motel de San Jon est fermé depuis 2 ans m’a dit la dame qui l’a vendu. [...]

Jour 36

L’accessibilité à Nulle part n’est pas aisée. Le désert est partout. Quelle que soit la route empruntée, au bout d’une ou deux étapes, elle mène dans une impasse. Les Salamanca, la bombe atomique, les rattlesnakes et la soif. J’ai à nouveau dû faire une grosse avancée en bus Greyhound. Cette partie de la planète n’est pas traversable autrement. [...]

Jour 35

Parfois ce trip me fait des tilts bizarres. Ce matin, alors que je rentrais de mes courses, la tête dans un quotidien, trouver à manger, des étapes pour dormir les jours prochains, une partie de mon cerveau m’a dit « Regarde, tu traverses le Rio Grande. ». Et là, ça a fait WAW, je suis DANS l’Amérique. Cela fait plus d’un mois maintenant que j’y soliloque. [...]

Jour 34

Up and Down. Today is Down. Petit dégoût états-unien. The National Museum of NUCLEAR Science & History. Je ne pouvais pas ne pas y retourner. Mes premiers élans avec Psyché étaient entièrement tournés vers le nucléaire. Je suis déjà allée à Chernobyl, à Fukushima, à Hiroshima, sur tous les sites américains liés à la bombe atomique. [...]

Jour 33

Toute la journée, j’étais comme une gamine qui saute sur le lit à en faire péter les lattes tellement elle est heureuse d’aller à la fête foraine. Plutôt que ne faire que chercher des voitures dans le désert, j’ai à nouveau pris la décision (après avoir tout retourné dans tous les sens) de faire un détour par le Nord. [...]

Jour 32

À Socorro, quand tu te mets face à l’Est, le regard vers Nulle part, à ta gauche tu as Breaking Bad et Saul Goodman, à ta droite, tu as Oppenheimer. Pour les non-cinéphiles, au Nord c’est Albuquerque, au Sud c’est Alamogordo, la ville restée secrète pendant des années, dans laquelle on a fabriqué la bombe atomique qui a ravagé Hiroshima. [...]

Jour 31

La nuit a été plutôt calme, mais j’ai mis du temps à m’endormir parce que des millions de grillons faisaient un drone sonore extrêmement puissant. En me réveillant en sursaut à 2h, j’ai cru que j’avais raté mon réveil qui normalement sonne à 5h, car il faisait jour. C’était en fait la lune qui était pleine et bisquait le soleil. [...]

Jour 30

Pour écrire ce journal extime, tout au long de la journée, je prends des notes vocales sur mon téléphone pour ne pas oublier la chronologie des événements et de mes émotions. Je passe par tellement d’émotions contradictoires. La journée a tellement merveilleusement bien fini, que j’en ai oublié mon premier mood du matin qui était la colère. [...]

Jour 29

L’orage n’a pas eu ma peau cette nuit, le soleil du jour oui. Aujourd’hui, c’était la première journée où je dépendais vraiment des gens. La 60 est en ligne totalement droite sur 60 kilomètres avant un soupçon d’ombre, d’eau et de logement possible, pas de réseau téléphonique, pas de transports. Il a fallu inventer. [...]

Jour 28

Tout droit sur la 60. Non, ce n’était pas vraiment la même journée qu’hier, parce que j’étais dans les montagnes. Encore. J’ai franchi des montagnes, des dizaines de montagnes. J’ai traversé Cibola National Forest. Non, pas une seule voiture sur la 60 pour venir perturber le silence du matin et le chant des coyotes. La route était à moi. [...]

Jour 27

Tout droit sur la 60. Oui j’avais la gueule de bois. Oui j’ai marché non-stop pendant plus de 9 heures. Oui j’ai entendu le chant des coyotes au lever du soleil. Oui c’était beau. Oui il y a à nouveau des montagnes. Oui Katharina m’a ravitaillée en eau car à 6h les magasins de Quemado étaient fermés. Oui elle est géniale. [...]

Jour 26

À Springerville, si je me tourne vers l’Est, il y a un vide de 77 kilomètres traversé en quasi ligne droite par la Highway 60. Pas un arrêt possible, pas une station-service, pas une construction, pas d’ombre, jusqu’au prochain village, Quemado. Quemado n’est pas n’importe quel petit bourg du Nouveau-Mexique. [...]

Jour 25

Voici la liste des choses que je devais accomplir aujourd’hui :

Faire une lessive • Faire des courses • Resserrer les rayons de Werner • Trier et ranger la collecte • Faire le point sur les étapes à venir • Mettre à jour la carte avec les gommettes • Faire les comptes • Recharger toutes les batteries • Laver mes cheveux • Soigner ma peau [...]

Jour 24

Les écureuils se sont donné le mot. En fin de soirée, c’était pour eux la prise de la glacière. J’ai dû user de ruses. J’ai tout enfermé dans un tote bag, et j’ai copieusement aspergé le tout de produit antimoustique. Ça a presque marché. La nuit était curieusement silencieuse, extrêmement silencieuse, un silence gigantesque. [...]

Jour 23

La nuit a été courte encore une fois, mes voisins en camping-cars ont fait la fête tard, puis ils ont laissé leur groupe électrogène en marche toute la nuit. Au réveil tout était humide de la grosse pluie d’hier, j’ai mis un moment à tout caser dans Werner. J’ai eu droit à ma première bénédiction, d’une dame qui m’a vu plusieurs fois marcher. [...]

Jour 22

J’ai passé la nuit à mettre, puis enlever la clim à l’infini, à éteindre mon téléphone puis le reprendre pour consulter les cartes, changer d’idée sur le chemin à prendre, vérifier si celui-ci n’est pas mieux qu’un autre. Faire des captures d’écran de toutes les options, car je savais que je n’aurai pas de réseau peut-être plusieurs jours. [...]

Jour 21

Au petit matin, j’ai enfin repris la route avec une vraie journée de marche. Pas besoin de GPS. Je longe sur 23 kilomètres une 4 voies, la 260, en montée continue. Nous sommes samedi, donc tout ce qui roule est de sortie. Et le coin est très touristique avec ses lacs, nous sommes dans les White Mountains. La circulation est dense, le soleil tape bien. [...]

Jour 20

Je l’avoue, chaque matin, au réveil, j’ai un peu peur de ce qui va bien pouvoir encore être imaginé comme galère pour empêcher mon chemin, et essayer coûte que coûte (ou quoi qu’il en coûte) d’entraver mon optimisme (tout relatif). Mais aujourd’hui c’était plutôt une bonne journée. Une super journée même. [...]

Jour 19

Surréaliste. Je ne sais même pas comment vous raconter. Je vais essayer de le faire mood par mood. C’est seulement cette nuit que j’ai trouvé la solution pour rejoindre ma route. À force de triturer des cartes dans tous les sens j’ai fini par ouvrir une voie. Et je peux vous dire que je respirais mieux. Première étape un bus Greyhound qui m’emmène à l’Est. [...]

Jour 18

Vénus m’en veut jusque dans les détails. Werner qui n’arrive pas (il savait bien lui, en ayant discuté avec des bagages du monde entier que tout flambait partout et que même aller Nulle part était impossible), le dôme de chaleur qui écrase tout bouleversant sévèrement ma feuille de route, et maintenant ma cigarette électronique qui tombe en panne. [...]

Jour 17

À force de passer mes nuits les yeux rivés sur des cartes et les prévisions météo, le blues m’a guetté hier soir. Nope. Stay positive. La seule façon pour moi d’aller bien est la forêt. Alors je me suis fait emmener par un chauffeur mutique au départ d’un trail dans la Coconino National Forest. Il me faut des arbres pour réfléchir ou pour oublier. [...]

Jour 16

Phoenix était la ville charnière. C’était là que je devais prendre la décision. Et j’ai eu du mal à la prendre. À faire le deuil de mon itinéraire travaillé pendant des mois à l’atelier, le nez sur des cartes, d’étape en étape. Mais je n’ai pas le choix. Le chemin tout droit tracé vers l’Est sur la carte initiale n’est pas humainement praticable. [...]

Jour 15

Après 15 jours de solitude totale, c’est à chaque fois la même histoire, je me mets à parler toute seule. Je commente ce que je fais ou dois faire, m’engueule ou me rassure, selon le mood. Ce matin je me suis dit « Tu vas prendre ton petit-déj tout plastique offert par le motel, tranquille, dernière journée à Phoenix. Fais-toi plaisir, il n’y a pas de honte à ça ! ». [...]

Jour 14

Un four. Une rôtissoire. Un barbecue en flammes. Pire que sur Vénus. Vénus qui décidément fait tout pour faire foirer mes retrouvailles avec Psyché. Elle pose sa colère sur moi dirait-on. Parce que marcher sous 47 degrés, eh bien c’est impossible. Ce grand vide désertique de plus de 1500 kilomètres qui me sépare de Nulle part est un gouffre en feu. [...]

Jour 13

On en avait convenu avec ma famille et mes ami.e.s, je ne vais pas Nulle part pour mourir. L’épisode caniculaire est exactement autour de moi et dans ma direction, il va faire 47 degrés aujourd’hui à Indio. Comme l’année dernière avec Indianapolis, j’avais prévu sur ma feuille de route d’entrer dans Phoenix en bus Greyhound. [...]

Jour 12

« Pffffffff. Aaaaahhhh. Mais pourquoi ? Nowhere is my future. »

Mon texte du jour aurait pu être celui-ci. Mais je ne voudrais pas vous frustrer. Alors voici. Dès 5 heures, il souffle un vent chaud de malade, qui tourne dans tous les sens et qui te fouette la peau avec le sable du désert. Avancer est pénible. [...]

Jour 11

Il a fallu puiser au plus profond de mon cortex moteur pour trouver la motivation de quitter cette ville (et déjà mon lit) à 4h30 alors qu’il faisait déjà 30 degrés. Amis qui pratiquent le vélo, vous ne parlez jamais de l’état de vos fesses. Les miennes sont en bouillie ce matin, Werner se moque, au moins lui ne m’entame pas la taille, au contraire, il me masse. [...]

Jour 10

Oui je suis encore à Palm Springs. Pourquoi s’éviter du bonheur. Hier, Paul m’a proposé de me prêter un vélo et m’a donné un plan qui recense toutes les belles maisons et qui y vit ou y a vécu. Ici c’est l’arrière-pays d’Hollywood. Alors réveil à 4h30 pour profiter des toutes petites heures à peine fraîches et j’enfourche un vélo californien en criant Youhou. [...]

Jour 9

Cette ville a trop à offrir. Il n’y a aucune raison pour que le chemin vers Nulle part ne soit pas parsemé de petits bonheurs volontaires. Je prends donc mon temps ici. Et cette journée sera mémorable éternellement ! Je commence par prendre le petit déjeuner offert chez Rick’s, et Paul le gérant du motel m’emmène en voiture jusqu’au tramway aérien. [...]

Jour 8

Je l’ai fait péter mon anniversaire. Sévère ! Pas de tenue de randonneuse mais une petite robe, je me suis épargnée 3 grosses journées de marche sans endroit possible pour dormir le soir et j’ai filé direct en voiture jusqu’à Palm Springs. Pas de bus avant le soir, personne au motel pour m’emmener, j’ai donc appelé un chauffeur Lyft. [...]

Jour 7

Bon, une étape à 37 kilomètres quasiment sans ombre, ce n’est pas la bonne idée. Ne plus faire. En temps normal, je peux faire cette distance sans problème, mais là, le soleil est trop rude sur le bitume. Pourtant il ne fait que 30 degrés sur la fin du parcours, mais une chaleur sèche, violente. Je voyais des étoiles à mon arrivée au motel. [...]

Jour 6

Je ne pensais pas entrer dans le dur si vite. C’est parti sans prévenir. Paf ! La marche commence à 5h27, je profite de la fraîcheur car la canicule s’annonce et je vais dans sa direction. Je suppose (naïvement) que dans la journée, je dois franchir une colline ou deux, vu le nom de ma destination et la vue au loin. [...]

Jour 5

En étoile sur le lit d’une chambre de motel minable, dévorée par l’acide des minuscules fourmis qui veillent sur la tombe de Buk (de puissantes guerrières), ravagée par le soleil californien, je suis vide. Un vide puissant et apaisant. Il s’est mis en place progressivement à chacun de mes pas aujourd’hui. [...]

Jour 4

Werner est revenu ! Lorsqu’à 8h30 je suis allée à l’accueil du motel pour demander si je pouvais prendre à nouveau une nuit car Air France venait de me dire qu’il pourrait encore se passer 24 heures avant que mon bagage me soit livré, la dame m’a dit « Mais il est arrivé votre sac, il est dans le bureau ! ». [...]

Jour 3

Réveil 2h18, je regarde immédiatement mes mails et le site Air France sur lequel je ne suis qu’un numéro. Toujours pas de nouvelles. Mon bagage n’a pas été déclaré arrivé. Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer des scénarios. Et si Werner n’arrive jamais. Et s’il arrive cassé. Comment est-ce que je transforme ce projet ? [...]

Jour 2

Réveil en sursaut à 3h du matin après un court sommeil chimique. Déjà bouffée par les moustiques. Ma première pensée est pour Werner et le stress monte à nouveau comme un tsunami. Impossible de me rendormir. Je patiente comme Béla Lugosi dans son cercueil. [...]

Jour 1

Panique générale. Souffler. Respirer. Souffler encore. Werner n’est pas arrivé, il est resté bloqué à Charles de Gaulle. Me voici sans rien dans un motel bruyant en périphérie de Los Angeles. Pourtant la journée avait bien commencé. J’avais même fait une bonne nuit. [...]