Jour 2

Réveil en sursaut à 3h du matin après un court sommeil chimique. Déjà bouffée par les moustiques. Ma première pensée est pour Werner et le stress monte à nouveau comme un tsunami. Impossible de me rendormir. Je patiente comme Béla Lugosi dans son cercueil. J’essaye la détente, ce qui n’est pas la chose la plus aisée. J’attends 8h pour téléphoner à nouveau à Air France. On me dit que Werner va prendre un avion à 15h pour arriver à 18h heure locale à Los Angeles, mais ils ne savent pas s’ils vont me le ramener à mon motel ce soir ou alors demain ou plus tard. Je n’ai rien à me mettre, et je dois faire des courses. Je décide d’agir comme si Werner était là. Je fais ce que j’avais prévu de faire. Donc direction un Walmart. Je ne suis encore pas dans le mood, j’ai un nœud bien serré dans le ventre. Je ne trouve pas ce que je cherche précisément dans l’hypermarché (des serpentins anti-moustiques et une pochette qui isole mon téléphone de la chaleur), je me prends une petite robe noire basique, la moins moche disponible, mais adieu le style, une culotte, de l’eau et quelques trucs à manger. Le rayon frais n’existe pas, enfin tout y est pourri. De toute façon, évidemment je n’ai pas faim. Une fois chargée, je rentre au motel en Uber, et c’est Toiya qui me conduit. Elle est chanteuse et est fascinée par mon histoire. Une première jolie discussion avec mon anglais à 2 balles. Mais les encouragements et le positivisme de Toiya me font du bien. Je pars ensuite en marchant jusqu’au salon de tatouage où j’ai rendez-vous. J’ai besoin-envie de sentir la Californie. Impossible de se tromper, les palmiers géants, les jardins pleins de cactus et les jolies maisons attestent de là où je suis. Les avenues sont longues, la marche est agréable car un petit vent frais souffle de l’océan pas si loin de moi. Les tattoo shops ont toujours l’art de me détendre. C’est avec Nadia que j’ai rendez-vous. Immédiatement elle est géniale. Je raconte mon projet et mes mésaventures, et la discussion part vite. Trump (elle ne conçoit même pas le fait qu’il existe encore), le monde en vrac, l’aberration d’y vivre, l’impression d’évoluer dans un monde parallèle, le bonheur d’y être quand on s’aime. Me voici donc avec un joli petit LOS ANGELES perdu sur le haut de la cuisse, attendant lui aussi de rejoindre NOWHERE un jour. Dans 2 mois. J’ai commencé ma carte. 2 petits stickers de couleur face à l’immensité de ce qu’il reste à faire.

J’ai rappelé Air France, ils ne sont pas certains que Werner soit arrivé par le vol de 18h23, et quand il va être livré au motel reste un mystère de plus en plus entier… Le gentil monsieur du motel m’autorise à garder ma chambre jusqu’à midi demain au lieu de 11h, et si le bagage n’est pas livré avant, je pourrai réserver pour une autre nuit. Puis peut-être une autre… Galère quand tu nous tiens…

Nowhere is my future.