Jour 48

Aujourd’hui, je suis allée aux limites de mon corps. Il a tiré une petite sonnette. Tout va bien maintenant. Je suis en étoile sur un lit et j’oublie la chaleur. Réveil au chant des coyotes. J’ai mis du temps à depitcher ma tente. Mes nuits me fatiguent plus que mes jours. Un insecte inconnu s’est nourri de mon bras. Aïe. Très vite pour commencer la marche du jour, une longue route de sable. C’est le seul terrain sur lequel Werner n’est pas bon. Il fait alors le double de son poids. Je pense à Sarah Marquis qui est repartie. Elle marche en ce moment dans son désert australien. Cette aventurière me fascine. Je laisse les montagnes, le lac, Tim et Jerry derrière moi et avance tout droit dans les terres cultivées. C’est plat et monotone. Le vent empêche le parapluie de me soustraire au soleil qui bombarde. Je fais des pauses dans les rares endroits possibles pour refroidir et avant qu’il brûle même mon âme. Supermarché, station-service, antique mall. La vue d’un Walmart m’annonce que j’arrive enfin dans ma ville étape. Je suis nauséeuse et pour la première fois de ma vie, je sens dans ma poitrine que mon cœur peut lâcher. Je n’ai pas faim mais me dis qu’il faut manger. Dans un diner, je commande le seul plat sans viande, soit des frites avec un toast grillé au fromage. Je prends le temps de respirer, me rafraîchir, m’alimenter. Lorsque je vais pour payer mon plat, la serveuse me dit que quelqu’un a payé pour moi. What ? Who ? Un monsieur qui était à une table à côté, que je n’ai même pas vu, et qui est déjà parti. Waw. Un inconnu mystérieux. Magnifique. J’arrive à la DyerHouse. J’ai téléphoné hier pour être certaine qu’une chambre soit disponible. Dee m’accueille dans son immense maison en plein dans Old Town. Elle est la gentillesse même. Elle me fait visiter et me fait même une lessive qu’elle me rapporte toute pliée. Plus on s’approche de Nulle part, plus les gens semblent attentionnés. J’adore ma chambre. Je ne sais pas la définir. La douche est incrustée dans le placard. Le détail fascinant est que la personne qui a posé le papier peint à fleurs a pris le temps de découper celles-ci pour qu’elles se prolongent sur le plafond peint en vert. C’est tout à fait remarquable.

Nulle part est à portée de main.

Nowhere is my future.