Jour 8

Je l’ai fait péter mon anniversaire. Sévère ! Pas de tenue de randonneuse mais une petite robe, je me suis épargnée 3 grosses journées de marche sans endroit possible pour dormir le soir et j’ai filé direct en voiture jusqu’à Palm Springs. Pas de bus avant le soir, personne au motel pour m’emmener, j’ai donc appelé un chauffeur Lyft (merci à mes gentils parents d’Amour de m’avoir envoyé des petits sous pour mes 55 balais). C’est Anthony qui est arrivé, on a chargé Werner et on s’est bien marré tout au long de la route. C’était l’anniversaire de sa mère aujourd’hui aussi alors on a beaucoup ri sur les mamans, les cadeaux des enfants (il lui offre du parfum), sur nos enfants à nous (il en a 4). Il est plombier et fait des drives pour arrondir les fins de mois. Il déteste Trump, pense que Biden fait du mieux qu’il peut même s’il part en sucette et est heureux de vivre en Californie car c’est ici que l’on ressent le moins le racisme. Il est né à Chicago. Plus on avance et plus les montagnes se rapprochent. On passe devant de gigantesques champs d’éoliennes et Anthony me dépose devant mon motel. Je lui dis de souhaiter un joyeux anniversaire à sa maman de la part de la frenchy, lui dis qu’il est un good boy d’aller la voir ce soir, on rit encore et check du poing. Il n’est même pas 10h. Beaucoup trop tôt pour prendre ma chambre. Pourtant je suis accueillie comme une princesse, avec ma résa, on sait déjà ici que c’est mon anniversaire, donc on m’offre une chambre plus grande, un ticket pour un petit-déjeuner gratos dans un resto demain et on accepte de garder Werner pour que je puisse aller me balader. Le couple adorable dont je ne connais encore pas les prénoms me donne de l’eau, me propose un chapeau et de la crème solaire. Mais quel accueil ! Je vise le Palm Springs Art Museum. Palm Springs est aussi classe que Vegas est en toc. Une ville en plein désert, middle century, boutiques de design, jardins somptueux, architectures sublimes. Beaucoup de galeries d’art aussi, et de boutiques vintages. Je rentre dans une seule et tout fait envie. Mais tout est très cher. De toute façon je n’ai pas prévu de consommer. Je fais juste du bien à mes yeux. Le musée est parfait, j’y flâne aux coups de cœur : une incroyable sphère lumineuse d’Anthony James, des peintures de Carlos Ramirez, une vache de Warhol, les saisissantes balançoires de Mona Hatoum, un petit Tony Oursler qui fait toujours du bien. Avec en plus son architecture moderniste, ce musée me comble. Je m’offre mon plat préféré dans un resto thaï (légumes, ananas et tofu sweet and sour) et file me faire glisser PALM SPRINGS sous la peau. Corey, le tatoueur est peu bavard, mais le tattoo me plaît beaucoup. En sortant, il fait 38 degrés avec un vent très fort, sec et brûlant, comme si tu étais en face d’un chauffage qui souffle à plein régime. Tu ne transpires pas, tu deviens un Pringles paprika. De retour au motel, je découvre ma chambre. Immense, clean et look fifties. Merveille. Et puis la piscine. Bonheur de fin de journée (oui j’ai un pansement tattoo spécial, je peux nager). 

Je viens d’allumer la télévision du motel et suis tombée sur « Naked and Afraid », cette émission débile dans laquelle des gens doivent survivre à poil en milieu hostile. Plusieurs personnes m’en avaient parlé. Je laisse donc la chaîne et ses kilomètres de pub. Je ne fais aucun effort pour comprendre ce que ces gens défigurés par les insectes se disent, je pense juste au mec en post-prod dont le job est de flouter les sexes, les culs et les seins. Et cela me fait mourir de rire de l’imaginer.

Je ne pouvais pas rêver mieux pour cette journée d’anniversaire en solitaire. Merci à vous toutes et tous pour tous vos mots et pensées, c’est précieux.

Nowhere is my future.