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Phoenix, Arizona, USA
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Phoenix, Arizona, USA

Samedi 15 Juillet 2023

13,1
Kilomètres

Jour 14


Un four. Une rôtissoire. Un barbecue en flammes. Pire que sur Vénus. Vénus qui décidément fait tout pour faire foirer mes retrouvailles avec Psyché. Elle pose sa colère sur moi dirait-on. Parce que marcher sous 47 degrés, eh bien c’est impossible. Ce grand vide désertique de plus de 1500 kilomètres qui me sépare de Nulle part est un gouffre en feu. Records de températures élevées. Ici, à Phoenix, les gens ont l’habitude de la chaleur en été, mais pas si extrême. Il faut absolument réviser mes plans. Mon parcours est infaisable. Les routes qui devaient me mener dans des campings sont fermées pour risque d’incendie. Et de toute façon, j’ai testé, mon corps ne résiste absolument pas à ces températures. Je suis allée au Phoenix Art Museum ce matin et déjà la demi-heure de marche était difficile. Les poumons ont du mal à accepter l’air brûlant. Et la tête tourne vite. Sur ma route un petit marché de fermiers locaux. Je me demande comment ils résistent sous leurs tentes. Ils ont tous de gros ventilateurs et des brumisateurs. Les chiens ont la langue par terre. Les SDF sont comme morts au sol. Ils sont peut-être morts d’ailleurs. Tout le monde s’en fout. Dans le musée, je suis hagarde, j’erre entre les œuvres sans rien imprimer. Les grands noms ostentatoires de l’art me passent sous les yeux sans que rien ne m’accroche, Kapoor, Wiley, je ne regarde même pas. Je m’inquiète pour la suite. Je reste un moment assise dans un petit salon qui offre une vue sur la ville et suis abattue. Un jour la planète sera ainsi partout. On survivra grâce à la climatisation à outrance (comme ici), qui sera alimentée par des centrales nucléaires qui seront elles-mêmes en surchauffe car l’eau manquera. Nos enfants seront obligés de muter pour supporter la chaleur. Les nuits prendront feu. Les jours embraseront nos rétines. Le vent consumera nos maisons. Bon ma fille, sort de ce canapé et va regarder de l’art. Un jour après l’autre on a dit. Tu trouveras comment transformer ce projet demain. Et par hasard, perdue dans le labyrinthe du musée, je me prends le travail d’Ana Mendieta pour de vrai pour la première fois. Des films super 8 des années 70 et une série de photographies. Et comme toujours dans un musée, il me suffit d’une pièce pour m’emporter loin de la réalité. Le travail « Earth-Body » de cette artiste cubaine morte à 37 ans si forte et engagée m’arrive au bon moment. L’art est puissant. Il rend vivant. Une pièce plus anecdotique, mais qui me séduit beaucoup, « Action Plan » du portugais Miguel Palma (une collection de tous les accessoires de guerre et de survie des figurines Action Man) finit de me remettre sur pied. Je me laisse même attendrir par les peintures de paysages d’artistes américains inconnus au point de faire la photo du jour de ma main devant une de ces toiles. En sortant du musée, je tente de me promener dans le quartier des arts pour voir les fresques murales, mais le soleil étant au zénith, il est plus sage de faire une pause au motel. Je me prends un peu de clim dans une spectaculaire friperie au passage puis file avaler un Doliprane dans ma chambre. Je discute longuement au téléphone avec Aurélie 2, toutes deux devant la carte des États-Unis et des idées pour aller Nulle part sans combustion longue commencent à s’échafauder. Puis je sors à nouveau dans l’après-midi, je vise une boutique vintage. Je prends un Lyft, j’ai reçu de votre part trop d’articles de presse qui parlent de cette vague de chaleur extrême et même de goudron qui fond à Phoenix. Je rencontre Amber qui gère le shop. Elle est passionnée par son métier, chiner puis agencer les objets entre eux. Elle a fait une école d’art, nous parlons avec excitation de notre addiction commune pour les vieux objets décalés. Elle prépare une vitrine Odyssée de l’espace (on parle des objets dans les films de Kubrick un moment), et j’ai la primeur d’en voir le tout début. Cela va clignoter, tourner, une vraie installation. Je l’ai dit des dizaines de fois l’année dernière, les Antique Malls américains sont aussi stimulants que les musées. Je pourrais y passer ma vie ! Amber déteste être prise en photo alors juste nos mains pour sceller en image cette rencontre. Je me sens à nouveau ultra vivante après cet échange alors je me dis « Allez, vas-y, on essaie de rentrer à pied. ». Au bout de 4 kilomètres j’ai appelé un Lyft.


Nowhere is my future.

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