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Chino Hills, Californie, USA
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La Habra, Californie, USA

Vendredi 7 Juillet 2023

35,3
Kilomètres

Jour 6


Je ne pensais pas entrer dans le dur si vite. C’est parti sans prévenir. Paf !

La marche commence à 5h27, je profite de la fraîcheur car la canicule s’annonce et je vais dans sa direction. Je suppose (naïvement) que dans la journée, je dois franchir une colline ou deux, vu le nom de ma destination et la vue au loin. Je monte péniblement la première, en me retournant, je vois Los Angeles. C’est toujours agréable de voir d’où on est parti et ce que l’on a accompli avec ses petites jambes. J’arrive dans un quartier aisé. Parfait pour tourner un Spielberg. Rien ne dépasse. Mon GPS m’indique ensuite un chemin au tracé sinueux, je comprends que je vais enchaîner des montagnes. Et bim, je me retrouve devant une grille. Propriété privée. Site de forage pétrolier. Je demande à un ouvrier comment faire pour franchir autrement ces montagnes, je ne comprends pas tout ce qu’il me dit, juste que je dois redescendre toute la montée que je me suis tapée. Mon GPS ne démord pas, il ne me propose aucun autre chemin. Il va falloir inventer. Une gentille dame qui fait du jogging m’indique comment faire sur mon plan. Outch. Détour géant. OK, pas le choix. Je dois suivre une grosse 4 voies qui va faire up and down. Me voilà partie au bord de cette route qui d’un coup n’a plus d’espace pour marcher. Je relance mon GPS qui me propose un chemin qui me fait entièrement traverser le Chino Hills State Park. Je m’arrête au Visitor Center pour demander si le chemin que propose mon GPS est réellement praticable. Le ranger ausculte tout le trajet et me dit « Pas de problème, tous les chemins sont ouverts. ». Je demande si cela monte beaucoup et il me dit que c’est tout plat. Bingo c’est parti. Bonheur intégral, 4 heures de marche en pleine nature, des écureuils et des lézards partout et possiblement endormis quelque part des serpents à sonnette et des lions des montagnes. J’adore. C’est magnifique. Un mix entre du très sec et du très vert. Parfois d’immenses fleurs blanches. C’est magistral. Je serpente entre de hautes collines. Au sol des milliers de fourmis plus rouges que mes cheveux. Le soleil perce, mais quelques majestueux grands arbres offrent parfois de l’ombre. Le ranger n’a jamais dû faire ce trail, cela monte sévère. Mais c’est tellement beau. Je croise 4 hommes à vélo qui me saluent et m’encouragent fort. Après une gigantesque montée durant laquelle je maudis la terre entière et surtout le gros ranger incompétent, bien cachés au frais sous des arbres, une table et des bancs. Cela fait 5 heures 30 que je marche sans pause, m’assoir ressemble à un orgasme que j’ai dû mal à quitter. J’écoute les oiseaux dont je ne connais pas la langue. Moment de pur bonheur. Il n’y a évidemment aucun réseau pendant toute cette traversée du Park. Je dois faire très attention à ne pas quitter mon appli GPS dont la trace s’est enregistrée ce matin, sinon c’est foutu, il y a tellement de chemins qui partent dans tous les sens. J’arrive au bout du premier trail, où je dois opérer une bifurcation qui me mènera directement à l’entrée de la ville où se trouve mon motel du soir. Je retrouve les 4 hommes à vélo qui se reposent à l’ombre, et me rends compte que le chemin que je dois prendre est fermé. Il n’est que broussailles. Impossible à emprunter. Foutu ranger. Me voyant paniquer, les cyclistes me proposent leur aide. On regarde mon plan, pas le choix, il faut poursuivre le même chemin qui fait un détour colossal, puis je dois bifurquer à gauche, ou à droite, je ne sais plus, et alors je retrouverai une route et sûrement mon signal GPS. « Tu vas trouver » me disent les hommes. Ils vérifient qu’il me reste de l’eau et me souhaitent bonne chance. Je me cogne une montée de la mort en voyant bien sur mon GPS que je m’éloigne totalement de ma destination. Et au-dessus, je découvre avec effroi un paysage à couper le souffle. Des montagnes sèches et jaunes à l’infini de tous les côtés. Plus un arbre ni un brin d’ombre, et plein de chemins possibles. Je suis complètement perdue. Me sens comme un grain de sable. C’est vertigineux. C’est une partie de ce j’ai vu du ciel depuis l’avion. Ne pas paniquer. J’aperçois très loin une route goudronnée. Je vise cela me disant qu’elle me mènera bien à des gens. Je peine dans le sec. Ma réserve d’eau descend. Je m’accroche. Je retrouve enfin le bitume. Un faible signal permet à mon GPS de recalculer un itinéraire. Wow, encore 2 heures de montée avant de sortir de ce Park. Pas une voiture ne passe. J’aperçois une station de rangers. Je m’y dirige, raconte que leur collègue m’a dit bullshit et demande si on peut me sortir de ce Park (dans lequel j’ai passé presque 7 heures) en voiture. Un gentil jeune homme m’emmène dans une voiturette. Werner est allongé dans le mini coffre. J’économise quelques petits kilomètres, c’est toujours ça de pris. Je kiffe le mini véhicule. À la sortie du Park, j’entre dans la ville par une immense artère. Juste derrière la cité, les montagnes sont comme une barrière colossale, on dirait même qu’il y a de la neige au-dessus. Hôtel miteux et en travaux en bord d’autoroute. On verra bien demain ce qui m’attend en plus de la vigilance canicule qu’indique mon appli météo. Le désert est déjà là.


Nowhere is my future.

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Jeudi 6 Juillet 2023

Samedi 8 Juillet 2023

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