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Préambule NOWHERE WEST
Marcher vers Nulle part par l'Ouest

ROAD TO NOWHERE WEST

Marche performative
2 juillet - 4 septembre 2023

Du 6 juin au 18 septembre 2022, seule, j’ai marché jusque Nulle part.
2602,2 kilomètres de New-York à Nowhere (Oklahoma).
Avec cette marche performative intitulée ROAD TO NOWHERE, j’ai achevé un cycle de travail.

Au préalable, il a fallut entraîner mon corps et mon esprit. Pour ceci, j’ai arpenté mon quartier, les cimetières, les forêts. J’ai suivi le Chemin des glaces de Werner Herzog en contre sens, de Paris à Munich, j’ai marché jusqu’au Bout du monde, je suis allée quelque part en marchant au hasard durant un mois, j’ai parcouru 444 kilomètres sur une boucle de 140 mètres dans le jardin de la maison des arts centre d’art contemporain de Malakoff, ou fait le tour de Vaduz, capitale du Lichtenstein en hommage à Bernard Heidsieck. J’ai lu Herzog, Long, Alÿs, Davila, Marquis, Gros, Solnit, Thoreau, Rimbaud et tant d’autres. Marcher. Collecter. Produire en attendant que la pandémie laisse les portes s’ouvrir à nouveau. Et enfin partir Nulle part. Y avait-il autre chose à faire ?

Réalisée en étant persuadée d’une fin du monde inévitable, causée par l’Humain et l’absurdité de ses actes, submergée par un sentiment d’impuissance face à un désastre entamé, je n’imaginais rien d’autre que marcher vers Nulle part. Et finir ce périple par un abandon. Celui d’un personnage endossé depuis plus de 10 ans dans mon travail plastique. Psyché. Vivre une aventure à la hauteur de la sienne, mais plutôt que de chercher Amour, viser Nulle part comme dernier espace de liberté et de possibles.

Psyché. Un personnage abandonné tant de fois sur des sites toxiques pour des photographies et des films.


Pour la série de photographies 14 secondes, réalisées devant les centrales nucléaires de France, Belgique, Espagne, Suisse, Ecosse, Angleterre, Pennsylvanie, Illinois, Ohio de 2015 à 2020, les films & A fade to grey tourné notamment à Fukushima, Tchernobyl, Hiroshima et sur les sites d’armes de destruction massives américains, et Ad Infinitum réalisé après un périple de plus de 6 mois d’un site nucléaire français à un autre, ou la série de photographies Entertainment : dans ces images réalisées sur des sites toxiques (la toxicité pouvant être physique ou idéologique, avérée ou latente), Psyché, mon personnage, s’allonge par fatigue, refusant de continuer à lutter contre les folies humaines et décidée à disparaitre, s’abandonne dans des paysages dont la beauté est incertaine.

 

Psyché. Une prothèse, mais aussi une Amie, une sœur, une héroïne stimulante, tout aussi sombre que moi. Mue par la curiosité et l’Amour. De la nature, des autres, de l’Autre. Solitaire et pugnace. Triste et déterminée. Acceptant d’en finir. Mais toujours sauvée, rattrapée par la beauté des éléments, de la flore, de la faune.

Je l’ai abandonnée une dernière fois, dans la photographie The End réalisée lors de mon arrivée Nulle part.

The End (2022)

Les chiens, les chevaux, les tortues, les vaches, les papillons, les ruisseaux, les arbres et l’immensité du ciel ont, durant ces 107 jours de marche, compensé le manque d’hospitalité, le racisme, l’homophobie, le nationalisme à outrance, le repli sur soi, la pauvreté culturelle, le fanatisme religieux, les lignes droites sans fin, les routes chargées de l’Amérique profonde.

 

Surmonter les intempéries colossales, les camions fous, le manque de nourriture acceptable, la solitude abyssale, s’accrocher aux maigres rencontres, si rares en 4 mois qu’elles en étaient fulgurantes, marcher, marcher, marcher, collecter des déchets endémiques aux États-Unis, écrire, photographier, jusqu’à Nulle part.

Petit retour en chiffres sur ROAD TO NOWHERE :

107 jours
2602,2 kilomètres de marche
174 kilomètres en bus

302 kilomètres en voiture (avec Noah, Jeff & Mona, Terry, Magen, Jay, David, Henry et Tanner)
9 États
3 fuseaux horaire

13 nuits sous la tente
92 nuits dans le lit d’un motel (les campings ne voulant pas de moi et ma petite tente)
1 nuit chez l’habitant (pour fuir une tempête)
1 nuit dans une cabane de jardin
16 jours de repos
5 contrôles de police
1 chute
1 petit orteil éclaté
5 sauvetages de tortues
1 raton laveur affamé
1 visite de papillon monarque
1 atelier d’artiste (chez Angela)
5 visites de musées salvatrices
678 piqûres d’insectes
1 Covid
1 alerte tornade
1 alerte inondations
7 gros orages
43,4 kilomètres, plus longue journée de marche
19 visites d’Antiques Malls
5324 animaux morts au bord de la route
342 bénédictions
22,57 dollars gagnés au casino
18 tatouages de noms de villes traversées sur ma jambe droite
3 moments de détentes mémorables avec des États-Uniens (sur la terrasse de la cabane en bois de Desra, dans la voiture de David, au bord de l’étang de Ron)
1 panne de Werner, mon chariot de randonnée
1 panne de téléphone GPS
4 habitants de Nulle part rencontrés (Randal, Sabrina, Tanner, Robbie)
420 litres d’eau bus
12 kilos perdus
et quelques larmes.

Une marche difficile, tourmentée, désenchantée.

Une bonne série appelle une saison 2.

Il faut oser l’impensable : L’optimisme.

Alors arrive la deuxième marche.
Une marche en miroir.

Le miroir devant lequel on grimace pour esquisser un sourire. Aller Nulle part, encore, mais cette fois face au soleil. Ne plus voir l’ombre de soi chaque matin. Et marcher. Résolument apocalyptoptimiste. Tenter l’espoir.


Je partirai de Los Angeles le 2 juillet 2023 et marcherai jusqu’à Nowhere (Oklahoma), que j’atteindrai début septembre après environ 2300 kilomètres. Je traverserai la Californie, l’Arizona, le Nouveau-Mexique, le Texas et l’Oklahoma. Cet opus sera tourné vers l’Autre. Tout sera fait pour rencontrer les États-Unien.nes. Provoquer les rencontres, les échanges, le dialogue. Qui seront de toute façon nécessaires à la survie. Car il faudra traverser des déserts, les Rocheuses, la chaleur et la sécheresse. De longues routes sans villes étapes. Pour arriver Nulle part. Y retrouver ses habitant.es. Et Psyché qui s’y languit depuis le 18 septembre.


Faire le point sur cette double expérience.


J’aurai ainsi traversé en toute discrétion les États-Unis à pied, toujours en allant Nulle part. Un but absurde, à l’image de l’actualité du monde. Ce projet fera l’objet du exposition au centre d’art contemporain Les Tanneries à Amilly en 2024.

Visuel  Tout Va Bien

La publication de ce journal est soutenue par Les Tanneries - Centre d'Art Contemporain d'intérêt national à Amilly.

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