Jour 10

Oui je suis encore à Palm Springs. Pourquoi s’éviter du bonheur. Hier, Paul m’a proposé de me prêter un vélo et m’a donné un plan qui recense toutes les belles maisons et qui y vit ou y a vécu. Ici c’est l’arrière-pays d’Hollywood. Alors réveil à 4h30 pour profiter des toutes petites heures à peine fraîches et j’enfourche un vélo californien en criant Youhouhou. Tu freines en rétropédalant, je connais cela, je m’étais rapporté de Californie un sublime Beach Cruiser noir lors de l’un de mes road trips, je l’ai adoré avant qu’un connard me le vole. Ce n’est juste pas easy pour repartir en côte après un arrêt si ta pédale n’est pas au bon endroit. Enfin bref, c’est le kiffe. Me voici donc partie dans le quartier des villas de luxe. Au début je vise des maisons avec le plan, mais suis souvent déçue, la maison d’Elvis est immense mais n’a aucun intérêt alors que je me suis tapée une côte géante pour y arriver (par contre, celle de sa nuit de noce avec Priscilla est sublime), celle de Kirk Douglas n’est pas visible derrière un gros portail (alors j’y ai pris mon vélo en photo !). J’ai donc continué au hasard des rues, et puis de toute façon l’intérêt est de voir des architectures incroyables, comme un musée de la maison qui tue, savoir qui y vit ou y a vécu importe peu. Pas facile de vous montrer en photos la beauté de certaines, soit à cause d’un contre-jour (le soleil se lève), soit tout simplement parce qu’elles sont tellement immenses qu’elles ne rentrent pas dans le cadre. Je finis par me lasser, et c’est quand je me dis « Allez, encore une rue ! », que je tombe sur une sculpture-panneaux sur laquelle se trouve une citation de Bukowski. Mon vieux Buk, toujours avec moi. Tu dois bien te marrer d’avoir tes mots sublimement crus ici, alors que tu as tant galéré dans des piaules pourries. Je t’aime tu sais. Je me fixe ensuite deux missions. Demain je reprends la route, il fait déjà 41 degrés, mon cou est multicolore, du rouge vif pelé au brun foncé, je veux un chapeau comme celui de Michael, qui couvre les oreilles et le cou. Je vise alors le seul magasin de sport du coin. Je ne me rends pas compte qu’en fait il est hyper loin, dans une zone commerciale. Je me prends des grands axes, m’éloigne de la ville, grille au soleil. Je me trouve une remarquable casquette beige qui remplira bien sa fonction de protection et celle de me rendre ridicule, et en profite pour m’offrir une vraie chemise pour trek dans le désert qui ne coûte rien comparé au matos du Vieux Campeur. En plus la marque est Pacific Trail. C’est la classe. Suis bonne pour la Fashion Week de la randonnée. Je la porte immédiatement et elle est d’une efficacité surprenante. Sur le chemin retour, mon téléphone décède à cause de la chaleur. Je le cale dans un foulard mouillé et il finit par revenir à la vie non sans peine. Il va falloir user de stratégies pour la suite ! Ma seconde mission est de faire un cadeau à Werner, un sticker Californie. Je fais quelques magasins avant de trouver, dont un qui fait mal aux yeux de tenues bling-bling. De retour au motel en surchauffe absolue, je mets du temps à aider mon corps à retrouver une température décente. Je fais une lessive qui sèche en 5 minutes chrono lorsque je la pends au soleil sur la barrière du couloir extérieur du motel et prépare Werner à reprendre la route. Il est tellement heureux de son cadeau. Indie (le petit suricate de la saison précédente) n’en revient pas. En étoile sur le lit, je prépare mes futures étapes que j’essaie de ne faire pas trop longues pour me tester à la marche sous canicule. Hier, quand j’ai demandé à Michael si parfois il pleuvait ici, il m’a dit « Oui, une fois tous les 7 ans ! ».

Nowhere is my future.