Albuquerque, Nouveau-Mexique, USA
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Socorro, Nouveau-Mexique, USA
Jeudi 3 Août 2023
19,7 + (124)
Kilomètres
Jour 33
Toute la journée, j’étais comme une gamine qui saute sur le lit à en faire péter les lattes tellement elle est heureuse d’aller à la fête foraine. Plutôt que ne faire que chercher des voitures dans le désert, j’ai à nouveau pris la décision (après avoir tout retourné dans tous les sens) de faire un détour par le Nord. Hier j’ai découvert qu’après 40 minutes de transport collectif, je pouvais aller en train à Albuquerque. Alors oui, filer sur des rails chez Heisenberg. Quand j’ai appris cela, j’étais en joie. Une nouvelle expérience ! Aller Nulle part d’une façon ou d’une autre on a dit. Alors bingo ! J’ai repéré hier la petite navette qui fait le trajet une fois par jour. Normalement départ à 14h30. Mais heureusement que je suis allée espionner son passage hier, le chauffeur m’a informé qu’aujourd’hui jeudi, le départ était à 5h35. Courte nuit donc. J’attends dans la nuit noire. La navette arrive. Werner est monté par le monte-charge. 40 minutes d’autoroute, le temps que le soleil se lève sur les montagnes à ma droite. Gare de Belen. C’est complètement con, mais je suis surexcitée à l’idée de prendre un train. Mon premier train américain de la vie. Le Rail Runner. Il est beau ! Quand les portes se ferment cela fait le Bip Bip du cartoon. Quand sa sirène a retenti, j’en ai pleuré. C’est le son que je préfère au monde. Et j’étais dedans. À 7h30, me voici à Albuquerque. Plus grande ville du Nouveau-Mexique. J’avais oublié ce qu’était une mégapole. J’en traverse une partie pour déposer Werner en garde à vue dans le motel que j’ai réservé, puis je vais errer dans Old Town. C’est calme, tout est encore fermé. C’est un labyrinthe de ruelles qui s’ouvrent sur des patios décorés, ombragés, fleuris. Des bancs partout. C’est délicieusement joli. Je vais au hasard, me perds, rebrousse chemin dans les culs-de-sac. Les habitations se mélangent aux restaurants et boutiques de souvenirs, d’artisanat, de bijoux. Un mix de productions mexicaines, natives, états-uniennes. Les couleurs pulsent. Petit à petit les échoppes ouvrent. Les touristes arrivent. Je flâne, prends la clim dans divers lieux. Me régale de tout ce que je vois. Magasins branchés, chapelle, attrape-touristes. Nous avions fait un arrêt l’année dernière ici, après que mon amoureux soit venu me chercher Nulle part, juste pour aller voir The Breaking Bad Store. Tout ce qui existe comme support imaginable a reçu un logo de la série. Des centaines de goodies. Et le magasin ne désemplit jamais. Le bonheur pour les fans (dont je suis), c’est l’arrière de la boutique. Le musée. Costumes, accessoires, décors authentiques. Certifiés. Un vrai terrain de jeu et de sourires. Curieuse, quelques rues plus loin, je rentre dans le musée du Serpent à sonnette. Un cabinet de curiosité géant dédié aux reptiles et des dizaines d’aquariums hébergeant les différentes espèces de serpents de l’Ouest américain. Ceux des montagnes, des déserts, des forêts. Quasiment tous venimeux. Plus j’avance et lis les textes présentant les spécimens, plus j’ai du mal à déglutir. Ces petites bêtes sont mes voisins et voisines depuis 1 mois. Je n’ai pas spécialement peur des serpents (contrairement aux araignées), mais là quand même. La collection d’objets, revues, nourriture, boisson, artisanat liée aux reptiles est colossale et impressionnante. Je félicite Bob, le directeur du lieu à ma sortie. Une discussion s’engage entre collectionneurs obsessionnels. Il me dit que ce qui est donné à voir ne représente que 1% de sa collection ! Tout le reste est dans des storages. J’hallucine. J’ai trouvé un fabuleux doux dingue. En plus, il accueille les tortues abandonnées ou maltraitées. Il collectionne aussi les tasses à café jaunes (!), et les revues et comics qui ont un drapeau américain sur leur couverture. Quand je lui raconte mon histoire, il tient absolument à prendre en photo devant son musée la fille qui va Nulle part en marchant. C’est grâce à des personnages comme lui que j’aime la folie de l’Amérique.
En début d’après-midi, je vais prendre ma chambre au motel, offre un sticker New Mexico à Werner pour qu’il patiente (et que l’on se souvienne ensemble de ces paysages fabuleux que nous venons de traverser) et file dans un tattoo shop que m’a conseillé le type du magasin Breaking Bad. Nathaniel, le chauffeur Lyft qui m’emmène au bout de la ville est en roue libre sur le fait d’aller Nulle part. Lui aussi pense que tout part en vrille. Je serai le sujet de conversation de son repas avec sa femme ce soir (sic). Il est producteur associé sur des tournages, mais avec la grève à Hollywood, plus rien ne se passe. Alors il fait le chauffeur. C’est Angelo qui m’encre ALBUQUERQUE. Tatouage de Badass. Je me suis faite tatouée dans plusieurs dizaines de shops aux États-Unis. Pour la première fois, je ne dois pas donner mon passeport, ni remplir un long questionnaire de décharge. Angelo avait un peu la tremblote. Pas grave, c’est le bronx sur ma jambe, à l’image de ce périple.
Je me refais la première saison de Breaking Bad. Sur site, cela me semble la classe absolue. J’ai pété toutes les lattes.
Nowhere is my future.