Jour 61

Les morsures d’insectes fanatiques ont un peu chamboulé mon sommeil. Ce matin par exemple j’ai retourné tout Werner pour trouver mes chaussettes alors que je les avais déjà mises à mes pieds. Comme prévu, Terry m’attend à 8h devant le motel. On charge Werner à l’arrière du pickup et on fait une vingtaine de minutes en voiture. Il a très envie de m’emmener plus loin. Il est très protecteur, père de 5 enfants et grand-père de 12 petits-enfants. Il en a fait des jobs dans sa vie. Tout au long du chemin, il me montre les maisons qu’il a construites lorsqu’il était maçon. Mais il a aussi été chauffeur de poids lourds. Il connaît donc bien son immense pays. Il aimerait bien m’offrir tout le stock de matériel photo dont il ne sait que faire. Il me dit de repasser le voir au retour. Je sais bien que je ne le reverrai jamais. Mais il est tellement gentil. Je tente le terrain politique, il n’a pas l’air d’être un fan de Trump. Mais il ne se prononce pas vraiment. Il me dit une chose effrayante. Si jamais Biden mourait avant la fin de son mandat (il a le Covid à nouveau), il est persuadé que Kamala Harris ne resterait pas longtemps au pouvoir. Elle se ferait assassiner très vite. Parce qu’il y a beaucoup de crazy peoples qui la détestent. Waw. Souhaitons qu’il ait tord sur toute la ligne. Il me dépose sur un parking de bus scolaires, et je retrouve ma 40. Le ciel est très couvert et sur le bord de route tu te sens comme dans un hammam. Pendant plusieurs kilomètres, je me dis que j’aurais dû accepter que Terry me drive plus loin. La 40 est très animée ce matin. Mais je suis récompensée en marchant longuement devant un magnifique paysage marécageux. La vase est presque fluorescente. Et je semble réellement être sur la route de Madison. Les panneaux me l’indiquent. Un peu plus loin, arrive le moment magique de mon trajet complet, je quitte DÉFINITIVEMENT la 40. Tchao ma grande. Have a good Day. Be Safe. God bless you. Amen. Plus jamais mes pieds sur toi de la vie. C’est fini entre nous. Non ne te retourne pas. Je vais maintenant en direction de mon étape du soir par une route au revêtement orange, et je tombe sur un vendeur de fruits et légumes frais. Bonheur. Je m’achète quelques fruits. C’est délicieux. Partout sur le chemin je vois des traces de la tempête passée. J’arrive dans ma dernière ville étape en Illinois. Alors Tristyn m’encre TROY. Et je me retrouve dans un noeud autoroutier immense. J’approche de la plus grosse ville de mon parcours. Mon motel 6 du soir m’accueille et je fais le point sur les journées à venir. Passer Saint-Louis va être une grosse étape.