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Vendredi 15 Juillet 2022

Columbus East, Ohio, USA
Columbus West, Ohio, USA
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27,2 + (6)
Kilomètres

Jour 40

La chambre était pleine de cafards. Tout était sale dans ce motel de la nuit dernière. Beurk. Vite quitter cet endroit. Mission, traverser la ville. Je commence la matinée par un immense détour, pas du tout dans ma direction, pour éviter les autoroutes. Dans la journée je vais passer plusieurs fois dessus ou dessous d’autoroutes. Ce détour est laid, des ordures partout et souvent peu d’espace pour marcher en sécurité. Je passe de lotissement en lotissement, parfois chics mais plus souvent pauvres, très pauvres. D’une tristesse sans nom. Et j’arrive sur une ligne droite, Livingston Avenue, que je vais suivre pendant 13 kilomètres. Un trottoir chaotique par endroit suit la ligne tout le long. Tout le début se fait dans la désolation. Des gens dévastés par l’alcool, la drogue et le dénuement. Un quartier afro-américain. De vieilles femmes assises à même le sol, défoncées. Des hommes en errance totale. Des magasins fermés ou délabrés. Envie de hurler. Plus j’avance sur la ligne, moins la misère est visible. On me klaxonne souvent pour me saluer. Même une voiture de flics le fait. C’est dingue. J’arrive dans ce qui semble être le centre-ville. Le premier immense immeuble est un hôpital pour enfants. Il s’agrandit encore, des grues partout. C’est un Downtown tout neuf qui s’étend et pousse vers le haut. Des travaux partout. Je marche un moment avec un homme mexicain qui est en train de filmer. Il fait un documentaire sur une communauté mexicaine qui vit ici. Il reconnaît mes papillons monarques et on parle de leurs sanctuaires dans les forêts du Michoacan. Je le sens ému que je connaisse cet endroit et que j’y soit allé. C’est sa région natale. Il me souhaite tout le courage possible pour la suite du long chemin et me dit plusieurs fois tout son respect pour ce que je suis en train d’accomplir. Je traverse la rivière Scioto sur un pont qui m’offre une vue de carte postale sur le cœur de la ville. Puis je me perds dans des travaux. Le gps ne comprend plus rien tellement tout est nouvellement construit. Et je me retrouve devinez où ? Sur la 40 West. Qui file toute droite évidemment et mon motel du soir est perdu loin au bout de la galaxie 40. Toute la journée j’ai croisé des bus qui passaient à côté de moi et qui traversait Columbus d’est en ouest comme mes pieds. Et bien au bout d’un moment, j’ai craqué du trop de circulation et j’ai fait les 6 derniers kilomètres assise au fond d’un bus. Encore une autre façon de voir ce pays. Le bus se remplit et se désemplit de gens paumés, fatigués, abîmés. Ceux qui n’ont pas de voiture. La même misère que de l’autre côté de la ville. La chauffeuse du bus m’a laissé entrer avec Werner et en plus ne m’a pas fait payer. Quand je vois l’horrible ligne droite qu’il me restait à faire, je suis heureuse d’avoir tricher un peu. Mon motel du soir, pas beaucoup plus cher que le taudis d’hier est quasi luxueux. Allongée en étoile sur le lit, je ne suis pas mécontente d’avoir franchi ma première grosse ville étape. Et je me dis que Nulle part est partout.

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Jeudi 14 Juillet 2022

Samedi 16 Juillet 2022

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La publication de ce journal est une commande du FRAC Bourgogne dans le cadre de son projet sur le récit et ses formes.

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