Vendredi 10 Juin 2022
Morristown, New Jersey, USA
Teetertown Ravine Nature Preserve, New Jersey, USA
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31,6
Kilomètres
Jour 5
J’écris sous ma tente dans la forêt !! Et j’ai fait un bon tour en voiture. Mais reprenons. Réveil à 4h. Ce n’est pas encore ça. Je m’endors trop tôt. Je pensais me caler plus vite. Je me rendors vaguement et prend le petit dej à 6h. À 7h c’est parti pour une folle journée.
Je traverse Morristown, petite ville chic et propre pleines d’églises aux prières certainement différentes. Baptiste, methodiste, épiscopal, catholic, presbyterian… Ça doit être un sacré bronx administratif dans le ciel, pire qu’à l’URSSAF. Toute la journée, je vais suivre la route 24. Facile, pas besoin de gps. Cela monte beaucoup mais dans une belle forêt, il fait frais, c’est agréable quand parfois il n’y a aucune circulation. Tous les 3 arbres un panneau signifie qu’il est interdit de pénétrer dans la forêt. Je me sens terriblement bien. Mon cerveau est toujours au repos et c’est bon. La route est barrée aux voitures pour travaux à un moment mais les ouvriers m’autorisent gentiment à passer. Un policier en fin de chantier me demande où je vais. Avec mon plus bel accent (je me fais rire intérieurement en le faisant) je lui dis I’m going to Nowhere Oklahoma. Il reste un moment médusé le temps de faire un tour dans sa tête pour situer l’Oklahoma, ouvre la bouche, silence, puis Good Luck.
Je traverse Mendham puis Chester. La route commence à devenir moins agréable, en plein soleil avec beaucoup de circulation et rien d’autre que des propriétés loin de la route, on les devine par les boîtes aux lettres. Aucun motel, aucun camping sur mon chemin. Je vais devoir demander à des gens si je peux camper chez eux. À 16h30, je décide de vaincre ma timidité et de me lancer. Mais je ne vois personne. Et je me suis promis de demander uniquement à des femmes. Personne en vue et la route à l’infini. Enfin une station-service. Un homme d’un âge certain me salue gentiment. Je lui demande s’il connaît le coin et s’il y a un endroit où je peux passer la nuit. Il m’indique un rbnb chic et me dit qu’il n’y a absolument rien d’autre. C’est encore loin mais je me lance. 5mn plus tard, j’entends Bonjour Mademoiselle. C’est le monsieur de la station-service. Il me propose de m’amener. J’ai confiance immédiatement. On charge Werner dans son immense voiture et il m’emmène au truc chic. Il est adorable. Il a travaillé 20 ans pour la société générale et aime la France. Il me dit qu’il ne peut pas me laisser in trouble. Il parlemente pour moi dans l’auberge, c’est complet. Heureusement, cela m’aurait coûté un bras tellement c’était chic de mauvais goût. Je lui dis que je peux camper. Que je préfère camper. Il a une idée. Il connaît bien les environs. Il me drive jusqu’à un State Park. Il faut demander l’autorisation à un ranger. On tourne, on trouve une maison, il frappe et discute. Il est très drôle. Je suis devenue sa mission. L’homme qui nous répond n’est pas autorisé à donner l’autorisation de camper. Il faut téléphoner à un chef ranger. Il le fait et c’est non. What the fuck. C’est compliqué le pays de la liberté. On repart. Il a une autre idée, un camp scout catholique. Il me dit On va voir s’ils sont si catholiques et si généreux que cela. Il me fait vraiment rire. Il s’appelle Diel. L’homme qui nous reçoit est très aimable mais n’a pas le droit de m’autoriser à camper. C’est Brazil dans ma tête. Ils discutent ensemble, je ne comprends pas tout. Ils pensent à un ancien camping dans un parc. Ce n’est pas autorisé mais ils pensent que c’est jouable. Je plaisante avec eux en mode no cops no serial killer, on rit et on repart. Diel me dépose à l’entrée du parc, il me dit de m’enfoncer dans la forêt et ça va aller. Je ne peux vraiment pas vous emmener chez moi, ma femme me tuerait ! Il me laisse partir après que l’on se soit longuement dit au revoir merci take care all the best. Une première rencontre exceptionnelle. Sa poignée de main est la plus belle et sincère que j’ai connue. J’installe donc mon campement. Je retrouve les gestes et là arrivent Linda et David. Un couple âgé et enthousiaste à l’idée de me savoir camper ici, fasciné par le projet. On discute longuement des lois américaines (David me demande si j’ai un gun !). Ils me demandent ma carte et repartent heureux à l’idée de suivre mon périple. Me voici donc sous ma tente, attentive au moindre bruit. Beaucoup d’oiseaux et au loin des jeunes qui font la fête. Je suis aux aguets mais heureuse.