Samedi 2 Juillet 2022
Mount Pleasant, Pennsylvanie, USA
Belle Vernon, Pennsylvanie, USA
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31,1
Kilomètres
Jour 27
C’est samedi, je le sais parce que les motards sont de sortie et on tond la pelouse. Des hectares et des hectares de pelouse seront tondus aujourd’hui.
Je quitte vite la circulation pour de petites routes tranquilles toute la journée. Cela fait du bien de ne plus voir de véhicules. Par contre j’entre à nouveau sur un territoire où de façon très ostentatoire, on affiche ses opinions politiques avec ferveur et une relative créativité. Quand je me retourne, j’ai une vue d’ensemble sur toutes les montagnes que j’ai franchi. Et je ne suis pas mécontente de les laisser derrière moi.
Devant, j’en vois d’autres, mais cela a plutôt l’air d’être des collines, comme les résidus des vagues, des vaguelettes. Tu ne fais plus de surf, tu laisses tes enfants jouer. Enfin tu les surveilles quand même car parfois il y a un bon retour de lame. De toute façon lors de la discussion d’hier au motel, on m’a dit que les montagnes finissaient middle Ohio. Et je suis en Pennsylvanie pour encore quelques jours. Et là bim, jusqu’ici j’avais réussi à maîtriser mon cerveau pour qu’il ne fasse pas de boucles, et J’suis dans un état proche de l’Ohio j’ai le moral à zéro m’envahît la cervelle. Merci Monsieur Gainsbourg et Madame Adjani. Je me débarrasse de ce truc quelques kilomètres plus loin en m’énervant sur les jardins truffés de patriotisme. Il fait moite. Un orage qui n’arrivera jamais menace continuellement. Un peu après midi, le mode zombie est activé, les vagues sont rudes, il fait lourd à en devenir liquide. Impossible de trouver un endroit où faire une pause. Les bords de route sont soit inaccessibles soit privés. Je marche encore une bonne heure avant de traverser un petit bourg où on a eu la bonne idée d’installer 3 bancs autour d’une cloche. Je peux enfin m’assoir, manger un peu et reposer mes pieds. Mon petit orteil gauche est entamé, c’est assez douloureux. Il n’a pas râlé pendant 26 jours, c’est exceptionnel. Il faudra maintenant prendre le temps le matin de bien l’emballer. Je marche encore longtemps entre champs et forêts, je passe devant un golf gigantesque. Si je les avais ramassées, j’aurais pu faire une pyramide plus haute que moi de balles de golf. Je traverse une autoroute, m’offre dans une station-service un jus de citron hyper sucré qui me booste et me permet de tenir la dernière heure de marche infinie qui se fait sur une route parallèle à l’autoroute. Mon motel du soir se profile enfin. Le bain est un bonheur. Mes cheveux commencent à ressembler à Agnès Varda. Mais je m’en fous, sous ma casquette on ne voit rien. Comme chaque soir je colle une nouvelle petite gommette de couleur sur la carte de mon trajet. Et cela me met toujours en joie. C’est joli Belle Vernon comme nom de ville.