Jour 87

Day off à Grove. Je dois retrouver de la force morale. Je suis épuisée mentalement et j’ai la larme facile. Je suis incapable de marcher aujourd’hui. Je refais le plein de glaçons pour me fabriquer de l’eau et fais mon plan de marche avec étapes jusqu’à Oklahoma City pour voir où j’en suis. Merci de ne plus me dire que je suis presque arrivée, car c’est loin d’être le cas, la route ne m’offre que très peu d’endroits de repos pour la nuit, les étapes vont être très longues, souvent trop, je vais devoir faire des détours, et la canicule est en place. Ce matin je suis allée dans le lobby du motel pour prendre une carte touristique du lac, et il n’y a que des propositions de location de choses à moteurs qui tracent sur l’eau, aventures en quad, sauts en parachute, zoo, casinos, golfs et piscines (!). Tous les accès aux bords du lac sont des lieux privés. Et effectivement, pour trouver un supermarché, il me faudrait marcher 1h au bord de la grosse route pour atterrir dans un Dollar General. Non merci. Je vais rester dans mon lit. Les étapes complexes commencent dès demain. En visualisant ma route via satellite, 38 kilomètres sur des chemins caillouteux comme celui d’hier. Mais en faisant un détour par la petite ville d’Afton, je peux retrouver une route plus praticable et moins longue. Mission du jour, trouver quelqu’un pour me faire ce petit quart d’heure de voiture jusqu’à Afton. Le Monsieur du lobby me dit qu’il ne connaît personne ici car il est le seul Indien (entendez bien Indien d’Inde, jamais je ne me permettrais de nommer un natif ainsi). En fouillant ma carte, je repère un petit rad au bord de l’eau à 2 kilomètres. Allez, je me lance dans la fournaise en me disant que je vais aussi y manger. J’arrive dans un vieux troquet à billards et consommateurs de bière et m’installe au comptoir. Je commande les seules choses sans viande de la carte. C’est Monica qui me sert. Je lui raconte mon affaire et bim, rdv demain à 8h devant ma chambre pour un drive. Je mange de l’huile (le plat du milieu sur la photo était censé être des champignons, impossible à avaler). L’ambiance est sympathique, tout le monde se connaît et me salue. Je suis heureuse d’être entrée là. Une autre vision de ce pays. Le fait que Monica m’emmène demain me détend, un petit nœud en moins. Je n’ai rien à faire de mon après-midi, mon linge est propre, Werner rangé. À moi le repos maintenant.