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Mardi 16 Août 2022

Saint James, Missouri, USA
Rolla, Missouri, USA
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17,1
Kilomètres

Jour 72

J’ai été réveillée en sursaut à 3h30 par un coup de tonnerre qui a fait trembler la chambre du motel. J’ai mis un moment avant de comprendre où j’étais et ce que je foutais là dans ce tourment. Conséquence, ce matin il tombe l’intégralité du lac Michigan par heure et par miles carrés. Et cela est prévu sans interruption pour la journée. Difficile donc de sortir du lit pour reprendre la ligne droite au bord de l’autoroute. Il a bien fallu y aller. Une fois lancée, je me suis accrochée à la ligne blanche et n’ai fait que la suivre. J’ai regardé mes pieds avancer et les gouttes couler de ma capuche en s’éclatant parfois sur le bout de mon nez. Ce n’est pas si désagréable, au moins il fait frais. La plus belle baignade de ma vie était dans le lac Michigan, juste avant Chicago. Je déteste nager dans la mer ou l’océan, ma peau et mes yeux ne supportent pas le sel. Et j’ai peur des profondeurs. Ce qui est magique dans ce lac, c’est que tu as l’impression de l’océan, tu vois l’eau jusqu’à l’horizon, le Canada est plus loin que là où tes yeux peuvent voir, il y a d’immenses vagues et un ressac, mais l’eau est douce. C’est un bonheur pur. Bon la pluie du jour ne rend pas si heureux, mais j’avance avec une belle détermination, je me fous des camions, je ne les regarde pas, surtout s’ils transportent des animaux à l’abattoir, je focus sur la ligne. À mi-chemin, un Antique Mall me permet de faire une halte, de retirer mes vêtements de pluie et de sécher un peu. Je flâne dans le labyrinthe de box pleins de vieilleries, et là, j’ai un crush géant. Des jumping shoes. Elles doivent dater des années 60. On les dirait sorties d’un Looney Tunes. Vil Coyote aurait pu les porter. Je les adore. Je reviens les voir plusieurs fois. Je fais mille stratégies dans ma tête pour les caser dans Werner, mais c’est impossible. Je repars comme orpheline de ces chaussures à ressorts mais en souriant longtemps à l’idée de marcher avec. La pluie cesse quelques minutes, mais le temps que j’achète de l’eau dans une station-service, c’est ce qui reste du lac Mead qui tombe. J’arrive à mon motel qui est vraiment bien pourri. Je dois monter Werner sur 3 étages et ma chambre n’a pas été nettoyée depuis le précédent locataire. Cela fait tout une histoire dans la famille du sud de l’Inde qui gère le lieu. Leur nouvelle femme de ménage n’a pas fait le job. Ils essayent toutes les chambres et c’est pareil. Ils sont désolés. Je prends ça avec humour et ils finissent par me trouver une chambre acceptable. Il faut que la pluie cesse car demain je campe. Quand même ces chaussures à ressorts qu’est-ce qu’elles étaient bien.

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Lundi 15 Août 2022

Mercredi 17 Août 2022

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La publication de ce journal est une commande du FRAC Bourgogne dans le cadre de son projet sur le récit et ses formes.

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