Lundi 27 Juin 2022
Shawnee State Park, Pennsylvanie, USA
Boyers Pond Campground, Pennsylvanie, USA
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25,4
Kilomètres
Jour 22
Bon alors hier soir les lucioles étaient là, c’était absolument magique. Mais à la nuit tombée, beaucoup de bruits très étranges autour de la tente. J’ai peur pour la première fois. Le cœur qui tape et tous les sens en alerte. Je lance des hé ho. Que voulez-vous. On rôde autour de la tente et j’ai l’impression qu’on essaie d’ouvrir Werner. Avec un courage assez limité, je sors avec la lampe torche du téléphone. La nuit est noire. Un joli raton laveur est carrément perché sur Werner. Il gratte pour essayer d’accéder à la nourriture. Il n’est pas farouche, j’ai du mal à le faire partir. Il rôde longtemps autour de mon camp. Puis à 1h30 il gratte à nouveau très fort. Nom de Trump, Werner se fait attaquer. Je réussis à faire une photo floue du lascar affamé. Il essayera toute la nuit. À 4h du matin, l’orage attendu pour midi arrive enfin. Il faisait chaud à en étouffer. Il pleut des litres et à 6h, après une nuit sans sommeil, je range tout dans la tente, me pare de mon vêtement de pluie si seyant et je monte Werner dans les sanitaires pour le remplir petit à petit. La protection de pluie de Werner est trouée par les griffes du petit voleur de la nuit (qui a fait disparaître ma poubelle je ne sais où). J’accroche la tente trempée à l’extérieur et on quitte ce camping affreux. Les deux premières heures de marche sont extraordinaires en pleine nature dans un silence total et puis je retrouve ma bonne vieille 30 West qui me fait traverser des montagnes. Vous voyez la scène d’ouverture de Shining. Et bien c’est pareil tout le reste de la journée sauf que l’on n’est pas à Glacier National Park mais dans les Appalaches. Montées de virage en virage à l’infini de l’infini infinitude. À un moment moi aussi j’arrive à l’Overlook. C’est juste un point de vue sur l’ensemble des Appalaches où apparemment tout le monde s’arrête pour faire des photos et y laisser une petite trace. Je laisse la mienne qui s’envolera certainement avec le vent. Comme moi. Dans un virage abrupt, je fais un arrêt dans un Antique Mall. J’adore ces endroits. Ce sont d’immenses hangars dans lesquels il y a plein de petits box tenus par des personnes âgées qui vendent de vieux objets. Et on peut y trouver des merveilles. Celles et ceux qui sont venus à la maison savent à quel point j’aime les vieux objets drôles et ridicules. Mais, et on applaudit très fort, je n’ai rien acheté. De toute façon je n’ai aucune place dans Werner. Mais cela m’a fait du bien. Cela m’a fait penser à chez moi. Et puis j’adore l’assemblage improbable des objets. Pause heureuse. Mais la montée est loin d’être terminée, jusqu’à ce qu’elle le soit. Mais là cela ne redescend pas, c’est une ligne droite qui se perd jusqu’au bout de l’horizon où là elle semble monter à nouveau à pic. Heureusement je bifurque avant pour trouver un camping que j’avais repéré. La pancarte qui l’annonce fait un peu peur, mais je suis accueillie par une gentille ado à qui je donne 20 dollars en liquide et je peux m’installer où je veux. Il n’y a personne. Le site est beau et propre. Aucuns camping-cars. Ciel dégagé pour toute la nuit et demain. Je fais sécher ma tente le temps d’une douche et j’installe mon camp. Je me sens bien. Je suis propre et cheveux lavés. Il y a un petit vent frais, pas de moustiques et aucun sons humains. Bonheur parfait.