Jour 106

Nulle part.

Front, joue, bras, main, doigts, cuisse, cheville, mollet, oreille, cou, je ne sais plus compter les impacts de moustiques. C’est la dernière tentative de Venus. Je me suis tout de même endormie (en pleurant), et me suis réveillée en vous lisant et j’ai pleuré encore. Merci à vous toutes et tous d’avoir été là, avec moi. Un petit bout de chaque vous est Nulle part. Aujourd’hui c’est opération auto-tatouage. Je prépare mon terrain dans la cuisine, seul endroit où le sol n’est pas couvert d’une horrible moquette. Je décroche un miroir pour pouvoir placer le stencil et déploie le kit que m’avait préparé Clément (Charmant Bourreau). Mais je suis encore trop fébrile. Mes mains tremblent. Je commence ma journée en démontant Werner et en déballant tout le barda qu’il contient. Je range tout. Trie mes collectes (il y a une récurrence qui fera l’objet d’une pièce à part, le grand salon me sert d’atelier test). Je pense à mon amoureux qui est dans l’avion. Demain matin, il sonnera à la porte de cette maison. Et il m’aidera à me séparer de Psyché dans une dernière photographie de la série « Entertainment ». Quand je me sens calme et reposée, je me lance dans le tatouage. C’est un métier, et ce n’est pas le mien, c’est le moins que l’on puisse dire. Je suis incapable de tracer des lignes droites alors que j’en ai suivi des kilomètres sans fin. Je me fais une bien belle bousille. Mais je l’adore. NOWHERE est aussi dans ma peau. Puis je me repose en tentant de ne pas gratter les dizaines de cloques qui saturent ma peau. Pas facile. C’est ma dernière journée avec Psyché. Et on glandouille. C’est bon.