Lundi 12 Septembre 2022
Shawnee, Oklahoma, USA
Harrah, Oklahoma, USA
>>>>>
32,7
Kilomètres
Jour 99
Il ne fait que 11° dehors à 6h30 lorsque je veux commencer à marcher, ce n’est pas possible, je ne suis pas équipée pour cela, alors j’attends un peu blottie dans le lit. Et effectivement lorsque je commence à marcher à 7h15 avec le soleil qui se pointe à peine et bien cela réveille direct. Mais dès que je bifurque sur un petit chemin de graviers et que je retire ma veste, la fraîcheur est un réel bonheur. Je m’éloigne de la circulation, et suis seule sur des chemins de campagne. Je discute avec des vaches qui me suivent un moment (vidéo publiée plus bas). Je me sens hyper bien, je savoure ces instants de calme, je savoure le fait d’être dans ce projet, que je mène pleinement. Mon intégrité est entière, ma détermination farouche, mon désir de résistance violent, ma lutte pour un monde meilleur absurde mais furieusement intense. J’effectue un geste micropolitique, certainement inutile, mais dans cette marche performative, je me sens à ma place. Droite vers Nulle part. Seule, loin des Hommes, juste avec des animaux, j’oublie mon désenchantement, les immondes bruits du monde, l’indécence humaine. Avoir quelques instant la confiance d’un cheval suffit à me rendre heureuse. J’accompagne mes jambes qui avancent avec un grand plaisir. Plus j’avance sur la ligne droite du jour, plus elle se modernise. Je finis par arriver sur une route sans espace pour marcher. Je ne perds pas ma bonne humeur et me mets une playlist de Stuart Ullman pour rythmer mes pas. Emportée par la musique, j’en oublie mon gps et rate une bifurcation. Je tente de retrouver le chemin mais me perds, je reprogramme mon gps qui me mène sur un chemin de terre qui me semble non emprunté depuis longtemps. Cela ne doit pas être ça. Effectivement, j’atterris dans un champ labouré, même mon gps est perdu. Je fais des détours qui font aboyer les chiens et retrouve une route que mon gps reconnaît comme celle pouvant nous mener à destination. Mais cette route ne me plaît pas, trop de circulation. Je veux retrouver le calme. Je fais alors d’autres détours pour emprunter des chemins longs mais calmes. Et c’est là que je rencontre le tout petit cheval blanc, qui, d’abord timide n’ose pas approcher, puis étape par étape il s’avance jusqu’à se laisser caresser. Il me suivra ensuite longtemps (vidéo plus bas), petite chose pleine de vie. J’explose de tendresse envers lui. Lorsque je le quitte, je me mets les Stranglers à fond et je danse plus que ne marche sur la longue route à travers champs. Évidemment, pour trouver le seul motel à des kilomètres à la ronde, il me faut atterrir sur une grosse 4 voies que je trace sur quelques kilomètres avant de trouver un motel tout neuf qui va m’offrir le repos. Les dames à l’entrée sont gentilles. J’ai adoré cette journée. Mais je ne réussis pas à trouver un nom pour le petit cheval (c’est bon, je sais bien que c’est un poney). Il s’appellera toujours Petit Cheval.