Jour 77

Day off à Lebanon. Je prends soin de moi et de tous mes petits bobos. La route abîme un peu parfois. Et je dis à nouveau au revoir à Agnès Varda. J’aime toujours penser à elle. Mona n’est jamais loin de moi. On se retrouvera sur le petit banc du cimetière Montparnasse. Alors me voici à nouveau visible de loin avec mes cheveux rouges. La bougie patriotique est une daube. J’ai à nouveau des impacts de tigres un peu partout sur le corps. Ce n’est pas facile le camping. Les nuits au motel, même dans les chambres les plus cheap sont plus réparatrices. Ce sont mes seules dépenses. Grâce aux merveilleux partenaires de cette marche qui ont cru en ce projet, la Fondation Antoine de Galbert, le FRAC Bourgogne, la maison des arts centre d’art contemporain de Malakoff, l’Artothèque de Caen, la Station Mir - Festival Interstices et l’association La Belle Époque, je suis encore dans les clous financièrement. Je fais mes comptes chaque semaine et si je n’ai pas d’imprévus désagréables, ma banquière devrait ne pas me persécuter quand un jour d’octobre il faudra rentrer en France. Aujourd’hui j’ai reçu un message de Judy, qui s’était arrêtée spontanément sur la route pour me parler il y a longtemps (c’est fou la façon dont j’ai perdu toute notion de temps, tout me semble une éternité. Le temps écoulé depuis mon départ, et celui qu’il me reste avant d’arriver Nulle part). Elle prend de mes nouvelles et me dit qu’elle pense à moi chaque jour. Je fais peu de rencontres, mais certaines vont me marquer pour la vie. Il reste ici encore des personnes pas complètement détruites par la surconsommation et le repli sur soi. J’espère en croiser d’autres. Mais pour l’instant je ne fais rien. Et c’est un bonheur brut et délicieux.