Mardi 21 Juin 2022
Carlisle, Pennsylvanie, USA
Shippensburg, Pennsylvanie, USA
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33,7
Kilomètres
Jour 16
La première mission du matin est de faire des courses. Je suis complètement à sec et sais que je ne trouverai rien sur ma route du jour. Et nous voici partis dans un hypermarché. Un « Giant » qui porte bien son nom. À 7h il n’y a pas grand monde, on me laisse me balader dans les rayons avec Werner accroché à moi ! Cela me prend 1h pour trouver quoi acheter puis pour tout ranger dans le ventre de Werner comme un tetris. Je suis toute la journée sur la Walnut Bottom Road. Le temps est couvert, c’est assez plaisant de marcher au milieu des champs à l’infinitude de l’infini. Je discute avec des vaches serrées dans des étables en métal. Je leurs dis que si elles ont la chance d’aller de temps en temps dans un champ (ce dont je doute) il faut courir courir courir regarder le soleil se rouler dans l’herbe. Salut les jolies, moi je vais Nulle part. Faites attention à vous. Profitez de votre petit temps de vie. Devant la plupart des fermes et maisons, il y a de gigantesques camping-cars. Tu m’étonnes, quand tu as les moyens et que tu vis dans un si grand pays avec de si beaux sites naturels, tu peux passer ta vie à y voyager. Le ciel se couvre sévèrement, j’habille Werner et en profite pour boire un délicieux jus d’ananas. Quelques minutes plus tard il pleut des trombes. Puis le soleil revient d’un coup. Très fort. Je finis la journée avec mon chapeau moche. La route devient difficile. Peu d’espace pour la marche et les voitures et camions roulent très vite. La dernière heure de marche est un cauchemar. J’entre enfin dans une ville, mais par des bretelles d’autoroute dans tous les sens. À un feu, un vieux beau depuis sa voiture me hèle comme un chien Hey, 2 claquements de langue, come on come on, I give you money. Et il me tend 2 billets de 20 dollars. Ça a fait bizarre dans ma tête. Ça s’est enchaîné à peu près ainsi : j’ai l’air si misérable et paumée ? Est-ce que Kerouac aurait pris l’argent ? Visualisation de mes livres de Kerouac dans ma bibliothèque, étagère littérature américaine, je vois mon appart et ma librairie préférée à Malakoff (Zenobi) et là, un gouffre. Qu’est-ce que je fous là. J’ai envie d’être chez moi. Un blues puissant me remplit. Je fais une pause dans une station-service, y bois 1 litre d’eau fraîche et reprends la marche dans le trafic. J’arrive enfin dans la rue de l’hôtel que je me suis réservé quand il pleuvait. Et là, un tattoo shop ouvert. J’y entre. Il est tenu par 2 jeunes femmes chaleureuses. L’une tatoue un scarabée sur un post ado, l’autre, Naylani, est dispo pour me tatouer le nom de la ville où je viens d’atterrir. Elles adorent le projet, on discute longuement, elles me font du bien. Et Naylani me met SHIPPENSBURG dans la peau. Nouvelle étape validée. Le tatouage est magnifique. Cela me procure un bonheur immense. Ascenseur émotionnel high level. Pour couronner cela, elles m’offrent le tattoo. Wow. Merci les filles. Exceptionnel. Mon hôtel pour le prix d’un motel miteux est ultra luxe. Je suis bien. Mes pieds eux irradient. Repos.