Jour 9

Je quitte Bethlehem par des quartiers résidentiels et des no man’s land pour arriver sur la rue Tilghman que je suivrai toute la journée. Cela m’inquiétait un peu cette longue ligne droite, mais c’était finalement très plaisant. Toujours différent d’un mile à l’autre. Et puis je suis curieuse de tout. J’apprends l’Amérique hors sites touristiques par les yeux au rythme de mes pas. J’adore voir les maisons et leurs décos de jardin. Je suis fascinée par le fait que les américains affichent à ce point leurs opinions politiques et religieuses devant ou sur leur home sweet home. Je croise le pire comme le meilleur. Des villas aux belles pelouses, des quartiers pauvres, des homeless édentés qui m’affichent un magnifique sourire et me lancent des God bless you, des dinners, des zones commerciales aux parkings gigantesques… Puis, alors que le soleil tape dur, la route agréable se transforme soudainement en une 4 voies sans espace pour piétons. Cela devient pénible, je dois redoubler d’attention. Et rien pour m’échapper de la circulation. C’est un cauchemar. Et là, tel une oasis, un mirage, un cadeau tombé du ciel abandonné par l’administration religieuse brazilienne, un motel ! Le premier sur ma route. Et pas n’importe lequel. Un Motel 6. Ma chaîne préférée. Le moins cher de tous, confort, frigo, micro-onde, wifi, baignoire. Bonheur. Je n’ai fait que 21 kilomètres mais je m’arrête là ! J’en rêvais tant !! J’en profite pour faire le point sur mon itinéraire et sur les étapes à venir. Et je soigne mes piqûres de moustiques qui ne m’ont pas épargnée pendant ma journée dans la forêt. Je peux vous dire que le répulsif cinq-cinq, ils s’en contrefichent. Je crois même que ça les dope.

PS : Je reçois beaucoup de messages qui me demandent comment fonctionne Werner, alors j’ai tenté de faire une photo de nous, dans un reflet de vitrine.