En attendant d'aller Nulle part
Les conditions sanitaires retardant la réalisation de cette marche aux Etats-Unis, il a fallu continuellement inventer et continuer à entraîner mon corps. J’ai alors réalisé une série de marches performatives.
Je visais les cimetières et les sillonnais. Lorsque l’on vit dans la périphérie de Paris, les cimetières sont les seuls endroits calmes, où l’on entend avec de la chance les oiseaux, où l’on voisine avec les arbres. Le silence endémique qui y règne m’aidait à supporter l’idée d’un futur.
Montrouge, Bagneux, Arcueil, Villejuif, Pantin, Grenelle, Vaugirard, Passy, Saint-Ouen, Montmartre (mon préféré, et puis c’est là que Daniel Darc repose), Montparnasse, le Père-Lachaise, Vanves, Clamart, Trivault, Marnes-la-Coquette, Garches, Sèvres, les Batignoles, Ivry.
Au cimetière de Thiais j’ai été très impressionnée par la section des indigents. Au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-bois j’ai pris le thé avec Tarkovski et discuté longtemps avec lui assise sur le petit banc de pierre.
J’ai ensuite visé les forêts. Le Domaine de Saint-Cloud. Meudon. Fausses reposes. Malmaison. Puis j’ai changé de quartier pour Rambouillet. Je prenais le train juste avant l’aube, la ligne N qui partait à 15 minutes de chez moi me déposait au départ de dizaines de randonnées possibles.
Rambouillet, Les Essarts-le-Roi, Saint-Rémy-lès-Chevreuse, Le Perray-en-Yvelines, Coignières, Gometz-la-Ville, Bures-sur-Yvette. Après Rambouillet j’ai exploré les forêt de Marly (trop bruyante), Saint-Germain-en-Laye, Senart, Ferrière. Et puis Fontainebleau. Les grands arbres en dormance m’aidèrent à passer l’hiver. Ils étaient puissants de calme.